On distingue 2 types de parodontopathies (ou maladie parodontale) :
- Les gingivites
- Les parodontites
Les gingivites
Définition/signes
La gingivite est une inflammation de la gencive, qui gonfle, devient sensible, prend une couleur rouge foncée et saigne facilement : en se brossant les dents, en croquant un aliment ou même spontanément. C’est une pathologie fréquente qui peut s’étendre à toute la bouche. Sans traitement, elle peut entraîner une parodontite ou inflammation du ligament et de l’os, ce qui occasionne alors le déchaussement des dents, et à long terme, leur perte.
Causes
Le plus souvent, la gingivite est provoquée par la présence d’un excès de plaque dentaire (amas de bactéries de consistance type yaourt collant qui se forme en quelques heures) ou de tartre (produit par la plaque dentaire et les sels minéraux de la salive).
C’est donc une maladie bactérienne, infectieuse, souvent liée à une hygiène buccale insuffisante ou à des conditions qui rendent cette hygiène difficile.
Facteurs favorisants
Elle est favorisée par la grossesse, la prise de certains médicaments (anti-épileptiques…), le tabagisme, le diabète, la présence de dents mal positionnées ou porteuses de couronnes mal ajustées, un traitement orthodontique dont les bagues gênent le brossage, une carie non ou mal soignée…
Traitement
Le traitement des gingivites repose principalement sur l’élimination de la plaque dentaire par un perfectionnement de l’hygiène dentaire : en effet, il n’est pas rare que de croire que son hygiène est bonne (« je brosse pourtant mes dents matin et soir ! »), mais la « technique » ou le temps passé sont peut-être insuffisants.
Il faut donc brosser ses dents au minimum matin et soir après le repas, avec une brosse souple changée régulièrement (tous les 3 mois environ), pendant environ 2 minutes. Le passage du fil dentaire ou de brossettes interdentaires est recommandé, surtout aux porteurs de prothèses dentaires ou implantaires. Le jet dentaire ou « hydropulseur » est un appareil intéressant : il permet une élimination plus complète des débris et dépôts alimentaires où les instruments passent mal et effectue un massage de la gencive, mais il n’est pas suffisant pour éliminer la plaque dentaire qui est collante sur les dents. L’utilisation de bains de bouches antiseptiques peut compléter l’hygiène dentaire mais il faut faire veiller à bien choisir le bain de bouche utilisé si on l’emploie quotidiennement. Seules les solutions prévues à cet effet doivent être utilisées.
Une visite de contrôle et un détartrage soigneux doivent être effectués au cabinet dentaire 1 à 2 fois par an, pour éviter l’apparition de cette pathologie.
Les parodontites
Définition/signes
À l’origine, la parodontite se caractérise par une infection de la gencive et de l’os qui soutient les dents, avec des manifestations inflammatoires. Lorsque la maladie progresse, une « poche parodontale » se forme entre la gencive et la racine de la dent, qui est un réceptacle pour les bactéries et le tartre. Ces derniers peuvent alors continuer à se développer à l’abri des manœuvres d’hygiène bucco-dentaire. Cette accumulation bactérienne aggrave la situation et entraîne une aggravation de la destruction des tissus parodontaux (gencive et os de la mâchoire). À son stade le plus avancé, la parodontite provoque la chute des dents.
Parmi les signes révélateurs d’une éventuelle parodontite, on peut citer les réactions inflammatoires associées à cette pathologie : gencives rouges et gonflées, qui saignent facilement lors du brossage ou même spontanément, douleurs, mais aussi mobilités dentaires, abcès de la gencive, récessions gingivales (« déchaussement » des dents).
Causes
Dans la très grande majorité des cas, la cause est bactérienne. En effet, l’accumulation de plaque dentaire (dépôt bactérien enduisant les dents et ayant une consistance de « yaourt collant ») et de tartre entraîne la destruction des tissus parodontaux. Cette cause peut être traitée, avec la participation active du patient.
Malheureusement, des antécédents familiaux peuvent être présents, attestant d’une composante génétique, que nous ne savons pas encore traiter, mais qui ne suffit pas à elle seule à déclencher la maladie.
Les mécanismes par lesquels les facteurs génétiques sont à l’origine d’une susceptibilité aux infections parodontales ne sont pas clairement établis, mais ils pourraient être en relation avec des défauts de la réponse immunitaire.
Facteurs aggravant
Le tabagisme : les fumeurs ont un risque statistique 5 fois plus important de développer une parodontite sévère que les non-fumeurs. Toutefois, le tabagisme masque souvent les signes de la maladie, car le tissu gingival tend à être plus « fibreux » et l’inflammation gingivale peut être masquée. La maladie évolue alors discrètement.
Le diabète, surtout s’il est mal équilibré, de type 1 (insulino-dépendant) ou 2 (non insulino-dépendant).
Le stress : il est vraisemblable que le stress a une influence sur le développement de certaines infections parodontales, plus particulièrement dans leurs formes agressives. Ce stress peut être la conséquence de plusieurs situations (situation professionnelle ou personnelle difficile…). En effet, outre l’acquisition de comportement à risque vis-à-vis de la santé parodontale (réduction de l’hygiène orale, tabagisme…), le stress serait corrélé à un dysfonctionnement des mécanismes de contrôle de la réponse immunitaire qui peuvent conduire à la pathologie.
La séropositivité HIV ou le SIDA
Les effets secondaires de traitements immunodépresseurs (greffe d’organe, traitement de maladie auto-immune) ou de chimiothérapies.
Traitement
Non chirurgical
Le traitement initial non chirurgical des parodontites combine :
- la désinfection des tissus parodontaux
- la maîtrise des facteurs de risques
- le maintien des résultats obtenus
La désinfection des tissus parodontaux repose conjointement sur :
- un enseignement d’hygiène rigoureux et l’utilisation à domicile de matériel spécifique (fil dentaire, brossettes interdentaires…) permettant de nettoyer efficacement les dents même dans les zones difficiles d’accès
- des séances de détartrages-surfaçages radiculaires sous anesthésie locale ayant pour objectif d’assainir la surface des racines dentaires en éliminant les dépôts bactériens à l’aide d’ultra-sons et de curettes manuelles, accompagnées d’irrigation sous-gingivales avec des solutions antiseptiques (cette technique permet d’obtenir la fermeture des poches parodontales par une ré-adhésion de la gencive sur la surface de la dent)
- un traitement antibiotique, parfois nécessaire mais non systématique
La maîtrise des facteurs de risques signifie :
- arrêt du tabac
- équilibration d’un diabète
- réfection des prothèses inadaptées créant des « zones de rétention » de bactéries
Le maintien des résultats obtenus consiste à pratiquer une « thérapeutique parodontale de soutien » ou « maintenance parodontale », constituées de séances d’entretien (détartrage profond, irrigations sous-gingivales…) à réaliser au cabinet dentaire très régulièrement (tous les 3 à 6 mois) et pendant toute la vie. Ces séances servent également à réévaluer l’efficacité du traitement réalisé et la motivation du patient par son maintien d’une hygiène parfaite, ainsi qu’à dépister, pour les traiter, les récidives éventuelles.
Chirurgical
Le traitement chirurgical est généralement indiqué en deuxième intention lorsque le traitement initial non chirurgical n’a pas atteint tous les objectifs de guérison ou si les poches parodontales sont trop profondes pour les désinfecter intégralement sans un accès chirurgical.
Cette chirurgie appelée « lambeau d’assainissement » se passe sous anesthésie locale. Elle permet de procéder à l’élimination des dépôts bactériens (plaque dentaire et tartre) à ciel ouvert, avec une vision directe sur les zones à assainir, contrairement au surfaçage radiculaire qui se fait « à l’aveugle » un de plusieurs dents uniquement à l’aide du sens tactile.
Une incision et un décollement sont réalisés, les surfaces radiculaires sont désinfectées et les tissus sont rincés avec des antiseptiques. Dans certains cas, les lésions peuvent être réparées grâce à des greffes d’os ou de gencive. À la fin de l’intervention, la gencive est refermée à l’aide de sutures.
Ces interventions sont indolores et les suites opératoires sont minimes.
Pas encore de commentaire
Soyez le premier à donner votre avis